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  le blog de Jean-Luc BURGUNDER

Au-delà de mes opinions écologistes et de mon engagement depuis 1970, je suis libre de ma pensée et un citoyen comme les autres. J'ai mes certitudes, mes doutes, mes questionnements, mes coups de cœur, mes espoirs, mes colères et une curiosité toujours en éveil. De plus, sur ce blog, je ne me limite pas à la politique institutionnelle mais élargi ce périmètre à toutes les dimensions de la vie. La politique n’est-elle pas la vie de la citée ?

L'intégrale de l'interview de Daniel Cohn-Bendit dans Libération de ce matin

LE MAINTIEN

DES ECOLOGISTES AU GOUVERNEMENT

EST "DE PLUS EN PLUS DIFFICILE".  

Recueilli par Matthieu Ecoiffier numerisation0628.jpg

Cofondateur d’Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), Daniel Cohn-Bendit réagit à la nouvelle journée d’affrontements entre forces de l’ordre et opposants au futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

 

Le ministre de l’Intérieur qui envoie 500 gendarmes pour éviter le «kyste» de l’occupation du site est-il dans son rôle ?

Manuel Valls est dans les gros sabots de De Gaulle. Son «kyste», c’est une version moderne de la «chienlit». Ce n’était pas intelligent à l’époque, ça l’est encore moins aujourd’hui. 500 gendarmes ou 1 000 CRS ne régleront pas ce problème de société. C’est une façon de gouverner complètement archaïque. De Mai 68 au CPE, les gouvernements n’ont donc jamais appris la leçon. J’ai défendu la participation d’EE-LV au gouvernement et soutenu les initiatives de François Hollande pour réorienter l’Europe. Mais la manière dont cela se passe à Notre-Dame-des-Landes rend de plus en plus difficile le maintien des écologistes au gouvernement. Je note que le Président se montre sensible aux mouvements. Il a eu le sentiment qu’il fallait donner des gages aux opposants au mariage homo, des gages au Medef sur le pacte de compétitivité. Mais lui et les socialistes croient que l’on peut piétiner et les écologistes et les enjeux écologiques. C’est une erreur politique que la gauche pourrait payer très cher à l’avenir

Comment sortir de ce bras de fer ? Il faut prendre exemple sur le conflit qui a eu lieu il y a deux ans en Allemagne à propos de l’enfouissement de la gare de Stuttgart. La grande majorité des élus chrétiens démocrates (CDU) et sociaux-démocrates (SPD) avait voté pour et mené à terme le processus administratif. Devant la virulence des manifestations, l’ancien ministre-président du Land Bade-Wurtemberg, qui était de droite, a nommé un médiateur, un ancien secrétaire général de la CDU passé à Attac, qui était reconnu par les deux 532123_527107083985827_1086742991_n.jpgparties. Il a organisé un débat public pendant trois semaines, retransmis par la télévision locale. Et proposé un referendum. Les partisans de l’enfouissement de la gare ont gagné. Comme ce sont les verts et les sociaux-démocrates qui ont remporté ensuite les élections dans ce Land, ce sont eux qui gèrent ce chantier mais dans un climat pacifié. A la fin des années 60, l’ancien chancelier social-démocrate Willy Brandt avait lancé un vibrant «il faut toujours relancer les défis d’une nouvelle démocratie». Hollande, Ayrault et Valls sortiraient grandis s’ils permettaient aux partisans et opposants de confronter publiquement leurs arguments. Que l’UMP cherche un médiateur est rocambolesque. Qu’il en faille un à Notre-Dame-des-Landes est dramatique, car cela met en jeu la crédibilité et l’intelligence de ce gouvernement.

Pour l’exécutif, cette nouvelle plateforme aéroportuaire est un moteur de croissance…

Avec Rennes et Nantes à deux heures de TGV de Roissy, vu l’évolution du trafic aérien, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est un non-sens économique et écologique. Arrêtons avec cette obsession d’une croissance qui n’est pas au rendez-vous et ne le sera jamais.

Le 3 décembre, François Hollande et Mario Monti doivent se rencontrer pour relancer le projet de ligne à grande vitesse Lyon-Turin. Allez-vous ouvrir un front sur ce dossier ?

Il faut remettre en débat tous les grands projets à la lumière des finances de l’Etat et des débats dramatiques qui ont lieu sur le budget européen. Croire que la France se fera financer Iter [projet de réacteur, ndlr], le tunnel Lyon-Turin et la PAC par le budget européen, c’est croire au père Noël. »

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