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  le blog de Jean-Luc BURGUNDER

Au-delà de mes opinions écologistes et de mon engagement depuis 1970, je suis libre de ma pensée et un citoyen comme les autres. J'ai mes certitudes, mes doutes, mes questionnements, mes coups de cœur, mes espoirs, mes colères et une curiosité toujours en éveil. De plus, sur ce blog, je ne me limite pas à la politique institutionnelle mais élargi ce périmètre à toutes les dimensions de la vie. La politique n’est-elle pas la vie de la citée ?

Que fait vraiment la France en Côte d'Ivoire ?

PRIORITE AUX INTERETS FRANCAIS 

 

Le discours affiché par les médias français et les politiques tente de justifier notre intervention militaire dans ce conflit par la nécessité de faire respecter les résultats d’un scrutin démocratique et de préserver les droits de l’homme. La réalité est sans doute beaucoup plus complexe, beaucoup  moins humaniste et ne peut être comprise que si elle est remise en perspective.

 

photo_1302362486396-6-0.jpgLes relations avec la Côte d’Ivoire ont été bonnes tant que les présidents en place depuis l’indépendance ont été en phase avec la politique française et nos intérêts économiques et géopolitiques. En effet, contrairement à ce qu’a affirmé Nicolas Sarkozy, la France a besoin, économiquement  de ses anciennes colonies, (l’économie ivoirienne représentant à elle seule 40% de tous les pays de la sous région)et politiquement (en particulier à l’ONU). Les contrats de coopération signés à l’indépendance font la part belle à la France quant aux retombées économiques dont elle bénéficie, dont la participation à l’exploitation du pétrole récemment découvert dans le golfe de Guinée. Et que dire de cet archaïsme qu’est le Franc CFA, cette monnaie qu’aucun des pays francophone d’Afrique ne peut contrôler en dehors de la France ?

 

Finalement, le reproche majeur fait à Laurent Gbagbo, c’est son panafricanisme et sa volonté de renégocier ces contrats de l’indépendance. Demande inacceptable pour la France mais aussi pour tous les dirigeants de la Sous Région, voyant ainsi leurs intérêts (souvent très personnels) menacés. Dans ce contexte, Il est très pratique de dire que Laurent Gbagbo est un « dictateur ». Sans doute n’est il pas exempt de comportements parfois limites, en pointant les turpitudes de son entourage. Mais il serait injuste d’oublier que c’est lui qui a introduit en Côte d’Ivoire le multipartisme, qu’il n’a pas pratiqué la censure des médias, qu’il a accepté en 2004 un premier ministre qui avait pris la tête des rebelles en 2002, qu’il a accepté sous la pression de la « fameuse communauté internationale » l’organisation des élections alors que ces mêmes rebelles n’étaient pas désarmés ?

 

Dans ces conditions il fallait bien penser qu’il y aurait des irrégularités. D’autres pays en ont connu (et ils sontphoto 1302428031828-1-0 nombreux) qui n’ont pas pour autant provoqué de guerre civile (par exemple le recomptage des voix pendant plusieurs semaines lors de l’élection de Georges Bush n’a pas provoqué d’émeutes ni d’émois particuliers dans la communauté internationale, et s’interroge-t-on sur celle d’Haïti (il est vrai que ce pays n’a ni ressources minières, ni cacao, ni pétrole !!)

 

Donc sans l’empressement à ce point ostentatoire de l’ONU (qui d’ailleurs aurait dû se contenter de certifier le scrutin et non pas de valider le résultat, qui normalement est le rôle du Conseil constitutionnel de la Côte d’Ivoire) et de la France pour faire proclamer le vainqueur adoubé par la communauté internationale, nombre d’Ivoiriens y ont vu une ingérence inacceptable, et un mépris de leur constitution. Des irrégularités ont bien eu lieu dans les deux camps, mais elles n’auraient vraisemblablement pas empêché Alassane Ouattara de prendre le pouvoir. Mais pourquoi ces ingérences permanentes sinon pour  « défendre nos intérêts économiques post coloniaux

 

Malheureusement la volonté de faire plier Laurent Gbagbo, sans rien comprendre ni de sa personnalité (historien et militant rompu au combat politique) ni de l’état actuel de la société ivoirienne), a conduit à un embargo injuste pour la population et à cette intervention militaire désastreuse. Car malgré les précautions de langage de nos responsables politiques, l’armée française se conduit comme une armée d’occupation et soutient logistiquement et presque ouvertement d’après les témoignages sur place, les forces de Monsieur Ouattara. A  ce propos ses forces militaires n’étant pas l’armée officielle, on peut se demander où et comment elles ont trouvé des armes ? Si ce n’était pas pour nos intérêts, était ce nécessaire d’aller jusqu’à la situation actuelle pour un simple conflit post électoral, qui aurait pu se régler entre africains sans humilier les uns ou les autres dans l’esprit de leur culture ? .

 

photo_1302428054871-1-0.jpgLe pire cependant ce sont les dégâts à long terme dans la cohésion de la société ivoirienne ; les rancœurs et les haines attisées seront autant de ferment pour des violences que Monsieur.Ouattara aura bien du mal à contrôler. Il risque de récupérer un pays ingouvernable, et les victimes seront les ivoiriens. Dira-t-on nous français un fois de plus « on ne savait pas » ?

 

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