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  le blog de Jean-Luc BURGUNDER

Au-delà de mes opinions écologistes et de mon engagement depuis 1970, je suis libre de ma pensée et un citoyen comme les autres. J'ai mes certitudes, mes doutes, mes questionnements, mes coups de cœur, mes espoirs, mes colères et une curiosité toujours en éveil. De plus, sur ce blog, je ne me limite pas à la politique institutionnelle mais élargi ce périmètre à toutes les dimensions de la vie. La politique n’est-elle pas la vie de la citée ?

Bernard, au revoir...




Le pire est arrivé.




C'est le lundi 8 décembre 2008, lors de la signature de l'accord cadre sur la Formation professionnelle tout au long de la vie avec les partenaires sociaux, à l'hôtel de région, que j'ai vu Bernard pour la dernière fois. A son départ, je l'ai raccompagné dans le hall. L'oeil vif et malicieux, le sourire au coin des lèvres, il se réjouissait à l'avance de son départ en Allemagne le surlendemain...


Il s'agissait pour lui d'accompagner  deux de ses apprentis zingueurs qui avait été lauréats du prix national Artibat à Nantes, ainsi que deux formateurs pour visiter les mines d'ardoises de Coblence. C'était à la fois un acte de reconnaissance des compétences des personnes, mais aussi, comme savait le faire Bernard, une ouverture de l'horizon de chacun. Et puis, en grand amateur de la langue de Goethe, il allait être l'interprête du voyage. Et pour lui, il n'y avait pas de petit plaisir. C'est le jeudi en fin de matinée à 400m sous terre que le rendez-vous fatal l'a surpris. Bernard est décédé le mardi 16 décembre sans avoir repris connaissance.


Bernard aux épeuves internationales des Olypiades des Métiers au Japon en novembre 2007


Bernard Darada était directeur du CFA du bâtiment de Blois depuis 1997. En 1998, je l'ai découvert en prenant ma délégation à l'apprentissage. J'avais face à moi un acteur respectueux du partenariat. Un acteur, attentif, actif et réactif dans sa relation avec le Conseil. C'était un grand professionnel qui aimait son boulot à savoir transmettre aux jeunes non seulement le bon geste professionnel mais aussi de développer leurs dimensions personnelles et citoyennes. Il était exigeant, rigoureux mais pas rigide, attentif, curieux, disponible. Il était dans un engagement total et sans compter. Pour lui, l'apprentissage était une aventure humaine ce qui l'engagea fortement dans la mobilité européenne de ses jeunes.


A propos de mobilité, je peux témoigner de la qualité du réseau d'entreprises et d'organismes de formation qu'il a développé en Autriche autour de la plâtrerie et du bois. Une palette diversifiée qui permettait aux jeunes durant six mois et dans d'excellentes conditions de vie professionnelle et personnelle de découvrir des méthodes et pratiques de leur métier différentes des nôtres, tout en développant l'apprentissage et la connaissance d'une langue étrangère. Bien évidemment, Bernard avait développé avec les différents partenaires autrichiens des relations professionnelles certes, mais aussi chaleureuses et amicales. C'était lui.

 


Bernard avec deux de "ses" apprentis en stage dans l'entreprise Pagitsch en Autriche (Mai 2007)


C'est en travaillant que l'on découvre les individus, et je dois dire que durant ces 11 années, au delà de nos postures officielles différentes, notre relation personnelle n'a eu de cesse d'évoluer. Par délà nos différences individuelles, nous avons développé ce qui nous rapprochait.


Ce grand ch'ti, amoureux de la mer et de Saint-Malo était un pédagogue tout en finesse, alternant le sérieux-sérieux d'avec une espièglerie affûtée. Il était jovial, convivial, et aussi franchement drôle. Il était trop, lorsqu'il nous disait sur le ton de la confidence "attends, je vais t'en raconter une" et c'était multiplié par dix lorsque l'histoire se déclinait en ch'ti. Il nous faisait alors pleurer de rire avec sa mine qui épousait les mots, l'accent et le phrasé. Un vrai, je dis bien un véritable acteur qui aurait eu toute sa place auprès de Dany Boon, tant il était plus ch'ti que nature. Il était aussi sensible, lors de la visite du camp de Mauthausen, je me souviens de cette larme qui coulait sur sa joue et qu'avec beaucoup de pudeur il écrasa discrètement.


Mardi 23 décembre, il fait froid et gris avec un petit vent qui juste accentue la fraicheur. Petits individus de sombre vêtus nous piétinons devant la cathédrale de Blois. Dis Bernard, que fais tu là dans la boite vernie, dans le fourgon devant nous. Hébétés, les uns et les autres nous nous saluons. Il y a dans cet instant de l'incompréhension et un immense chagrin d'être là, silencieux à tes côtés. Il y a même tes amis autrichiens qui ont fait le voyage. Dans de tels moments, on mesure la pauvreté des mots et du vocabulaire.

Tu es encore là parmi nous. A ta manière tu nous signifies et nous rappelles notre fragilité. Aujourd'hui tu provoques une immense peine aux tiens et à tes amis. Mais un jour, chacun de nous est appelé à commettre ce qui tu nous fais aujourd'hui. Ainsi va cette vie si forte mais aussi si fragile.


Bernard, tel un acteur, tu es parti en situation et dans ton rôle. Finalement c'est bien toi. On te remercie pour tout et pour l'homme de bien que tu es et qui restera toujours très vivant dans nos coeurs et notre souvenir. Merci pour tout.


Bernard Darada


 

Au mois de septembre 2008 Bernard et Bernadette sa femme nous avaient envoyé cette petite vidéo avec ce

message:

Aux amoureux des phares,

Aux amoureux de la Bretagne,

A vous qui avez l'humilité de vous dire que nous sommes bien petits mais parfois malfaisants...

Les phares sont désormais automatiques. Pensez à ceux qui, de garde, il y a quelques années, étaient au travail un tel jour

 


Partageons ce spectacle en souvenir de Bernard.

 

 

 


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C
<br /> <br /> Cher Monsieur,<br /> <br /> <br /> Merci pour nous faire revivre l'Homme qui rassemblait tant de qualités profondes et humaines. Tous ses amis ne font que se souvenir, et celui-ci ne s'efface pas. Une belle pensée pendant le<br /> passage de cette vidéo. Merci mille fois de nous faire partager l'affection et la fidélité pour Lui. Claudine<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> quand nos parents sont trop présents, ils nous emm....et nous envahissent mais quand ils sont absents, ils nous manquent tant!!!!mais leur souvenir nous rapelle qu'on a beaucoup hérité d'eux et<br /> qu'ils nous ont tellement transmis....!!!<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> Merci pour votre texte que je relis parfois quand je ressent le besoin de le revoir. Le texte est fidèle a la réalité de l époque. J avoue faire mon possible pour qu il soit fier de moi chaque<br /> jour, et faire que son "œuvre" ne soit pas veine. L homme de" pouvoir" doit mettre son attribu au service de son idéal et c est ce qu il s est attache a faire tout au long de sa vie. Il a ainsi<br /> permis a tant de gens de trouver leur voie, et a se sustenter, parfois dans la douleur, mais toujours avec un profond respect ce qui lui vaut 3 ans après sa mort et parfois bien des années après un<br /> reconnaissance persistante Bonne fête papa Bonne fer<br /> <br /> <br />
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B
Cher Monsiçeur,Mon fils, Julien m'a indiqué votre blog. Merci pour cet hommage à Bernard
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