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  le blog de Jean-Luc BURGUNDER

Au-delà de mes opinions écologistes et de mon engagement depuis 1970, je suis libre de ma pensée et un citoyen comme les autres. J'ai mes certitudes, mes doutes, mes questionnements, mes coups de cœur, mes espoirs, mes colères et une curiosité toujours en éveil. De plus, sur ce blog, je ne me limite pas à la politique institutionnelle mais élargi ce périmètre à toutes les dimensions de la vie. La politique n’est-elle pas la vie de la citée ?

De l’huile à la merde



On ne mange plus
On bouffe…


L’information sur les huiles frelatées m’est parvenue dans « contacts » par une lectrice de ce Blog. Dans le texte, était indiqué de faire suivre la nouvelle. Compte tenu des deux autres actualités autour du fromage italien, je les ai réunies pour vous les communiquer.

Il apparaît que ces multinationales de l’agroalimentaire importent au plus bas prix (ou gratuitement) des produits de mauvaise qualité ou carrément pourris alors que ce sont les mêmes qui vendent leurs produits au prix fort en geignant sur la hausse des matières premières. Ce sont les mêmes qui nous gavent de pub qui vantent la « qualité » de leurs saloperies à bouffer.

Saloperies sur-emballées de cartonnages et plastiques aguichants qui encombrent nos routes et nos déchetteries. Saloperies encore, puisque produites par des personnels surexploités et corvéables à merci (délocalisations), quand en France même ils ne subissent pas un chantage permanent à l’emploi.

Et bon appétit pour la grande bouffe…


Au départ, c’est le Canard enchaîné qui a révélé l’affaire dans son édition du 14 mai 2008. D’autres titres de la presse écrite nationale ont relayé l’information ainsi que France-Inter. Depuis…silence ! On ne parle pas en mangeant.

Dans son édition suivante, le Canard a publié une liste de marques et de produits concernés, et là, silence dans la presse nationale, publicité oblige, probablement.

De quoi s’agit-il ? Il y a quelques mois, un lot de 40 000 tonnes d’huile de tournesol a été acheté à petit prix en Ukraine par la société Saipol, propriétaire de la marque Lesieur. En société intermédiaire, l’acheteur revend son huile à d’autres multinationales de l’agroalimentaire.

L’affaire commence lorsqu’un contrôle a posteriori révèle que ce lot d’huile de tournesol n’est pas tout à fait pur ; il révèle la présence forcément frauduleuse d’huile minérale destinée à la lubrification…de moteurs !!!

Il aurait été responsable de recycler cette huile à d’autres utilisations ou à l’expédier à la poubelle, plutôt que de l’utiliser pour la nourriture. Que croyez-vous qu’il arriva ? Et bien le pire. Ce gentil mélange néanmoins bien douteux ne serait pas plus que cela toxique… Les autorités françaises et européennes n’ont-elles pas estimé et décrété que tant que les produits dérivés de ce joyeux mélange n’étaient pas infectés au-delà de 10%, personne n’était censé tomber malade… Décision qui a permis en toute connaissance et bonne conscience à bien des marques alimentaires de distiller avec de l’huile de tournesol frelatée toutes les sauces possibles. Ainsi, les produits les plus susceptibles de contenir cette huile empoisonnée sont : les mayonnaises, les taramas, les sauces béarnaises, les chips, les vinaigrettes allégées, les surimis, les céleris rémoulade, les soupes de poissons en conserve, les poissons panés, les paupiettes de veau, les thons et sardines à l’huile, les pâtes à tartiner chocolatées, les gaufrettes à la confiture, les barres céréalières et sucrées pour les enfants …(cookies), produits par les marques Lesieur et du groupe : Fruit d’Or, Epi d’Or, Frial, Isio 4, Oli, Carapelli, Saupiquet, ainsi que les marques du groupe Unilever comme : Amora, Planta Fin, Maille, Knorr, Magnum Miko…

Sur les 40 000 tonnes de cette huile polluée, la France doit s’en manger plus de 5000 tonnes, soit presque 100 grammes de cochonnerie par habitant, à s’ingurgiter. Si les Français se bouffent du merdique, les Grecs s’en sont épargnés puisque dès janvier 2008, la Grèce a retiré du marché tous les lots des produits concernés. Bon exemple alors qu’en France dans nos hypermarchés, il y a peut-être et toujours des produits contaminés à l’huile de moteur !

Qu’en pense la profession ? En réalité, l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA) n’a qu’une obsession, c’est que l’huile frelatée ne fasse pas tâche, si bien qu’il est urgent de faire silence sur cet événement. Au plus fort de la crise l’ANIA dans ses notes internes révèle sa « riposte » et organise son silence tout en s’inquiétant de l’ampleur éventuelle des réactions médiatiques et par conséquent des consommateurs : « Il a été décidé hier en réunion de crise de ne pas répondre au Canard Enchaîné formellement. Un projet de communiqué de presse, préparé la semaine dernière, a été réactualisé ». Il est écrit que ce communiqué ne serait pas diffusé en proactif et ne le serait qu’en fonction de nouvelles réactions des médias. Cependant l’inquiétude règne chez les industriels et se manifeste dans la note : « Par rapport à l’article de mercredi dernier, cette nouvelle parution n’apporte pas d’éléments clefs supplémentaires et n’est pas à la Une du journal (Ouf…). En revanche, de nombreuses marques sont citées, ainsi qu’une liste à la Prévert de nombreux produits incorporant de l’huile de tournesol, ce qui n’était pas le cas la semaine dernière mais que l’on craignait… ». Pas rassurés, tout de même…et grosse inquiétude.

Seulement cette affaire n’est pas isolée. Le 28 mars dernier, le gouvernement italien annonce retirer du marché l’un de ses fromages (la mozzarella) qui serait susceptible de contenir de la dioxine. Ainsi, il s’agirait - tout en minimisant l’ampleur de la contamination - de « redonner des assurances aux consommateurs italiens et étrangers » tout en répondant aux mises en demeure de la Commission européenne qui la veille encore jugeait « insuffisantes » les mesures prises par l’Italie mais qui se déclare satisfaite des mesures annoncées le lendemain et « ne voit pas de raison de prendre d’autres mesures au niveau européen ».

Seule la mozzarella à base de lait de bufflonne dispose d’une appellation d’origine contrôlée et ce sont en Italie environ 1900 élevages de bufflonnes qui permettent de produire le précieux lait indispensable à la fabrication de ce fromage.

Début 2008, soixante-six de ces élevages sont placés sous séquestre provisoire, bientôt rejoints par quatre-vingt-trois autres placés sous surveillance. Prétexte, la teneur en dioxine du lait dépassait les normes admises. Ces dioxines seraient la directe conséquence de la crise provoquée par les ligues mafieuse autour des déchets de la région de Naples. Le sol étant gravement contaminé par les enfouissements illégaux et l’incinération sauvage. L’affaire n’est pas nouvelle puisqu’en 2003 toujours près de Naples, six mille vaches avaient été abattues. Leur lait destiné à la production de la mozzarella contenait un taux de dioxine dix fois supérieur aux normes européennes. Néanmoins selon l’Etat italien et les producteurs, la mozzarella labellisée en aucun cas (juré, craché) n’a jamais été contaminée malgré ces événements (c’est un peu comme le nuage de Tchernobyl à la frontière française)….

Une bonne nouvelle n’arrive jamais seule. En France, le ministre de l’agriculture fait remarquer que l’affaire est déjà ancienne même si elle éclate au grand jour aujourd’hui. « S’il y avait eu le moindre risque aujourd’hui pour le consommateur, la Commission européenne aurait émis une alerte aux vingt-sept Etats membres. Ce qu’elle n’a pas fait » dit le ministère. Pas rassurant du tout quand on sait que Bruxelles est sous l’influence et la pression de tous les lobbies.

En novembre 2006, les policiers de la Guardia di Finanza de Crémone alertés par une odeur nauséabonde arrêtent un poids lourd à Castelleone (Italie). Il contient du fromage semi-ouvré dans un état de putréfaction avancé. Ce chargement peu ragoûtant, transitait entre la société Tradel, à Casalbuttano, et la société Megal, près de Novare, toutes deux propriété d’un certain Domenico Russo à l’évidence un patron voyou. De suite, la justice transalpine ouvre une enquête qui se poursuit toujours. Elle pousse ses investigations hors d’Italie et découvre des agissements inquiétants de quelques entreprises fromagères dans plusieurs pays européens, à la hauteur de l’odeur de l’objet du trafic. C’est toute une filière de contrefaçon qui recyclait et retravaillait du fromage avarié et pourri pour lui redonner un aspect et une odeur de « qualité ».

Une quarantaine de multinationales italiennes (Galbani, Grana Rolo, Catermartori ou encore Berescialat) britanniques, allemandes et autrichiennes sont impliquées. Au lieu de détruire leur fromage avarié ou périmé elles ont réintroduit ces marchandises dans le circuit commercial et particulièrement dans les magasins et les supermarchés discount de toute l’Europe. En deux ans ce sont au moins 11 000 tonnes, plus les 3000 tonnes vendues au noir qui furent ainsi recyclées par quatre sociétés basées en Italie (3) et Allemagne (1) appartenant au même homme d’affaires Sicilien. Avec un chiffre d’affaire estimé à plusieurs dizaines de millions d’euros, ce commerce illicite particulièrement fructueux s’est organisé autour de la récupération de fromages avariés et pourris devenus immangeables pour en faire des produits de première qualité. Ainsi ces déchets, par la contrefaçon, re-devenaient du fromage en tranches, fondu ou râpé, de la mozzarella (décidément), du gorgonzola et autres spécialités fromagères italiennes. La société Tradel rassemblait, désemballait et entamait la première étape du retraitement. La société Mégal mélangeait et confectionnait les « nouveaux produits ».

L’enquête et la mise sur écoute des sociétés de contrefaçon ont révélé que ce trafic était « couvert » par le service de prévention vétérinaire des autorités sanitaires de Crémone en Lombardie, qui est un centre agrocommercial et industriel important d’Italie. Crémone fut jadis un haut lieu de luthiers célèbres comme Stradivarius, les temps ont changé…

Les écoutes ont également révélé le cynisme absolu des trafiquants. Non seulement le fromage retravaillé était qualifié de « merde » par les patrons mais ces individus se lâchaient en toute bonne conscience « la marchandise avec laquelle nous travaillons est, comme tu le sais, entièrement périmée » dit l’un, et l’autre de rétorquer « ça c’est leur problème » en désignant les fournisseurs. « Si la marchandise a des défauts, après moi, j’arrange tout, je nettoie, je rafistole… ça reste entre toi et moi » précisait le fameux Domenico Russo (déjà cité) à un chef d’entreprise de Campanie. Mais toute la chaîne humaine de production est « contaminée », je veux dire informée. Le procès verbal rapporte que les ouvriers et employés étaient au courant. « Vous n’avez jamais signalé à quelqu’un que les produits étaient périmés ? » demande-t-on à une employée administrative. Sa réponse est sans équivoque : « Non, tout le monde savait » !!!

Depuis deux ans, l’enquête se poursuit toujours, menée par la police financière de Crémone. Trois personnes ont été arrêtées et une dizaine d’autres pourrait être inquiétée. Une perquisition a été effectuée le 5 juillet dernier dans une fromagerie du sud de l’Allemagne. On attend les résultats…

En attendant, le procureur au parquet de Crémone Francesco Messina outre le scandale financier écrit dans son ordonnance que nous sommes face à une véritable bombe sanitaire pour les consommateurs. Rassurant, non ?

Ce qui ne l’est pas, rassurant, c’est que des chefs d’entreprises, dans le seul but de faire des profits faciles, fassent n’importe quoi en parfaite connaissance. Rien sur la « traçabilité » et qu’importe si les produits qu’ils achètent et revendent sont trafiqués ou de la « merde » comme ils le disent eux-mêmes.

Ce qui n’est pas rassurant non plus c’est que ces « affaires » aujourd’hui visibles en cachent probablement beaucoup d’autres. Quand on sait que sept jeunes sur dix d’Ile-de-France ont des traces de pesticides dans leurs urines, c’est révélateur d’un dysfonctionnement grave dans la chaîne alimentaire et sanitaire. Alors, n’hésitez pas à faire circuler ces informations et boycottons durablement ces marques qui trafiquent et nous sacrifient sur l’autel du profit.
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P
Comment voir les éventuels commentaires?Pour les "lacunes" des Verts pour la communication, la solution est certainement dans la multiplication des blogs :) et leur interconnexion en fiasant connaitre les uns et les autres.Par ailleurs internet permet aussi la radio (podcast) et la video: simple et pas cher. Quand est-ce que tu t'y mets?Phhttp://www.philippe-boucher.com
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