Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
  le blog de Jean-Luc BURGUNDER

Au-delà de mes opinions écologistes et de mon engagement depuis 1970, je suis libre de ma pensée et un citoyen comme les autres. J'ai mes certitudes, mes doutes, mes questionnements, mes coups de cœur, mes espoirs, mes colères et une curiosité toujours en éveil. De plus, sur ce blog, je ne me limite pas à la politique institutionnelle mais élargi ce périmètre à toutes les dimensions de la vie. La politique n’est-elle pas la vie de la citée ?

Japon, solidarité antinucléaire ce 11 juin 2011

DU 20 JUIN 1987 AU 11 JUIN 2011

 

100px-TepcoNucléaire, en ce printemps 2011, l’actualité est chargée…de radioactivité. Alors qu'à Fukushima au Japon, personne (ni TEPCO, ni le Gouvernement) n’est capable de dire au jour le jour, les choses telles qu'elles sont, et que pudiquement on pose des bâches sur les réacteurs afin de « stopper » la prolifération de la radioactivité, tu parles ! On embauche aussi des « liquidateurs » à 3500€ la journée pour faire le sale boulot, un boulot à crever. Aujourd’hui ils sont 600, à Tchernobyl, souvenez-vous il en avait fallu entre 550 et 600 000. Un champ de bataille incroyable et contre un ennemi invisible. Chacun a obtenu une médaille, une belle affaire compte tenu de leur vie perdue ou de leur état de santé ou de celle de leurs descendants à ce jour. Au fait, il manque 600 millions d’€uros d’après l’Ukraine pour terminer le second sarcophage de Tchernobyl. C’est donc en pleine crise nucléaire autour de Fukushima que nous nous sommes souvenu de ce triste jour du 26 avril 1986 et de l'accident nucléaire soviétique.  Décidément le printemps n’aime pas l’atome puisque l’accident de Three Miles Island aux USA a eu lieu le 28 mars 1979. Le « positif » de cet accident, c’est d’abord que ses conséquences pour lesphoto_1307791550560-1-0.jpg personnes et l’environnement furent bien moindre que les deux autres, et surtout qu’il a stoppé le programme nucléaire civil américain.

La réalité des conséquences de l’accident de Fukushima nous est livrée par les autorités nipponnes au goutte à goutte. Ainsi aujourd'hui 11 juin 2011 il est reconnu (enfin) que les réacteurs 1, 2 et 3 avaient bien fondu peu après le tremblement de terre (on le savait déjà). Ce 11 juin, soit trois mois après le tremblement de terre et de la catastrophe qui a suivi et qui reste encore devant nous, tous les anti-nucléaires sont solidaires des japonnais. Le chef de leur gouvernement vient de réaffirmer l'attachement du Japon à cette énergie. Dommage parce que si cela continue c'est le nucléaire civil qui aura la peau du Japon et même au-delà...    

 

numérisation0175Comme je l’ai annoncé dans la rubrique « l’info d’hier et d’aujourd’hui », (voir la colonne de droite du blog) je vous propose de visiter l’histoire de l’Ecologie politique à partir de ce qui fut publié dans l’actualité d’hier. Actualité qui résonne toujours très fort aujourd’hui. Ci-dessous l'article paru dans le numéro 380 d'ECOLOGIE-INFOS de Juin 1987 à propos de la marche du 20 juin, la première lancée à l'appel du tout jeune "Réseau pour un avenir sans nucléaire" qui alors vient de naître...

 

Le 20 Juin (1987)

 

Depuis 9 mois, le mouvement anti-nucléaire se cherche et se rassemble. A la suite de la proposition des Verts européens, le « Réseau pour un avenir sans nucléaire » a mis sur pied un premier test : le 20 juin à Paris, une manifestation vise à réunir plusieurs dizaines de milliers d’opposants à la politique énergétique de la France.

 

numerisation0225.jpgQuand l’accident de Tchernobyl survient, le mouvement anti-nucléaire français est au plus bas. Plus de structuration, plus de manifestations, plus d’apparitions publiques… à l’exception de quelques réactions sur les sites lorsque de nouveaux évènements interviennent. Un an plus tard, le contraste est saisissant.

 

En mai 1986, la première initiative d’ampleur est à mettre sur le compte de la C.R.I.I-RAD (Commission régionale indépendante d’information sur la radioactivité). Des gens du milieu scientifique de la Drôme lancent l’idée d’une station de mesure indépendante de la radioactivité à la suite des mensonges des structures officielles. Très rapidement, une collecte est organisée, et, sans plus attendre, grâce à un emprunt bancaire, le laboratoire de mesure est mis en route. Un an après, l’association compte plus de mille adhérents, a fait des centaines de mesures dans toute la France, a permis d’avertir le consommateur sur les dangers du thym, de certains fromages et de certaines viandes (2).

 

Ce travail sur le quotidien a permis d’enfoncer le clou dans les fissures apparues dans l’opinion à la suite de Tchernobyl. Les sondages sont éloquents. De ces derniers, il ressort, pour la France, que si l’on pouvait faire autrement, entre 70 et 80% des gens sont près à s’opposer au nucléaire… Oui, mais la plupart des gens pense que l’on ne peut pas faire autrement.

 

En octobre 1986, profitant de la tenue à Cannes d’une conférence mondiale pour l’énergie, différents groupes écologistes (3) organisent une contre-conférence où est exposée une démonstration chiffrée des possibilités de sortie du nucléaire. Cette contre-conférence qui ne rassemble (en semaine) qu’une centaine de participants permettre d’avoir un document de grande valeur pour argumenter sur les alternatives possibles (CAP).

 

En novembre 1986, à l’initiative du Comité Malville et de Didier Anger, une réunion se tient à Paris pour essayer de coordonner les initiatives qui commencent à partir dans tous les sens. Ainsi nait le Réseau pour un avenir sans nucléaire », qui, pour la première fois, rassemble les composantes du mouvement à travers des individus venant de tous bords (scientifiques, militants de sites, politiques…). Après discussion, le réseau prend l’initiative d’organiser une première mobilisation en deux étapes :

-      Des actions décentralisées dans le maximum de lieux autour de la date anniversaire de Tchernobyl, 

-      Un rassemblement soutenu par des groupes européens le 20 juin  à Paris.

 

Une multitude d’initiatives

 

numerisation0223.jpgDans de nombreuses villes de France, autour de la semaine du 25 avril, des conférences-débats sur le nucléaire se sont ainsi tenues. On a pu y compter jusqu’à 300 personnes sur les futurs lieux de stockage des déchets nucléaires (en particulier au nord de l’Ain et en Vendée). Des manifestations ont rassemblé au total près de 10000 personnes sur l’ensemble de la France (5000 à Thionville, 500 à Paris, 200 à Golfech, 200 à Bourg en Bresse, etc…) La C.R.I.I.R.A.D. a fait de multiples conférences, de même que des membres du G.S.I.E.N.(Groupement des scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire)… Des livres ont été publiés : (Crépuscule des atomes) par Louis Puiseux, ancien conseiller économique à EDF, Silence on contamine » de Didier Anger un des porte-parole du Réseau. Des brochures sont sorties, dont la plus remarquée est le numéro spécial du journal « Que choisir ? » épuisé en quelques jours dans les kiosques.

 

D’un mouvement en pleine déconfiture, on se retrouve aujourd’hui avec un mouvement en convalescence… Convalescence car les têtes ne sont pas tellement nouvelles et si les sondages montrent un regain d’intérêt des jeunes pour le problème (selon un sondage de « La Vie » de début 1987), le nucléaire arrive même en tête des préoccupations des jeunes lycéens et étudiants devant le racisme !. Le problème nucléaire ne s’appuie pas encore aujourd’hui sur une base sociale.

 

Le test du 20 juin

 

Le 20 juin sera le premier test en grandeur nature sur la capacité du Réseau à intéresser les gens. Le programme nucléaire , déjà bien malade (20 centrales à l’arrêt début mai, essentiellement pour des problèmes de fuites) pourrait se voir opposer une opinion publique de plus en plus persuadée que le nucléaire n’est pas indispensable.

 

Pour éviter l’écueil de la « manifestation –traîne savate », celle-ci sera sonorisée avec des groupes de musique et se poursuivra en soirée par une fête avec stands, prise de parole et musique pour permettre aux gens de discuter, de se rencontrer, de faire des projets (5)… Enfin, pour essayer de faire progresser les idées, le dimanche 21, une conférence se tiendra avec les délégations étrangères pour faire le point autour des alternatives au nucléaire. Si cette manifestation est un succès, le Réseau devrait très vite se structurer, s’amplifier pour mettre en place une nouvelle campagne autour d’une date stratégique : le 25 avril 1988, deuxième anniversaire de l’accident de Tchernobyl, 35 millions de Français et Françaises sont appelés auxnumerisation0218.jpg urnes pour choisir leur futur président

 

Michel BERNARD

 

1 le thym s’est avéré être un accumulateur de radioactivité extraordinaire, il peut contenir actuellement jusqu’à 20000 becquerels par kg. Des agneaux de la Drôme ont été mesurés avec plus de 1000 becquerels par kg en particulier au niveau des rognons. Certains fromages (de chèvre en particulier) contiennent également une forte radioactivité. La limite de commercialisation est fixée théoriquement en France à 600 becquerels par kg… mais pas un seul agneau, pas un seul brin de thym n’a été retiré du commerce

 

2 Verts, Amis de la Terre, Greenpeace, GED, Wise, GSIEN, Espace Ecologie...

 

Note du blog: les autres notes ont été supprimées parceque donnant des adresses ou des prix obsolètes aujourd'hui. 

Photos en bas à droite: Didier Foubert

Dessins: Carlos extraits du numéro spécial n°7 d'ECOLOGIE "Surgénérateur comprendre et agir" 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article