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  le blog de Jean-Luc BURGUNDER

Au-delà de mes opinions écologistes et de mon engagement depuis 1970, je suis libre de ma pensée et un citoyen comme les autres. J'ai mes certitudes, mes doutes, mes questionnements, mes coups de cœur, mes espoirs, mes colères et une curiosité toujours en éveil. De plus, sur ce blog, je ne me limite pas à la politique institutionnelle mais élargi ce périmètre à toutes les dimensions de la vie. La politique n’est-elle pas la vie de la citée ?

AgroParisTech les 40 ans de la candidature de René Dumont en 1974

AgroParisTech les 40 ans de la candidature de René Dumont  en 1974

RENÉ DUMONT

UNE MÉMOIRE RÉTRO-FUTURO

A l’invitation de Marc Dufumier, président de la Fondation René Dumont, et de Laurent Gervereau son vice-président, directeur du Musée du Vivant, premier musée international sur l’écologie et le développement durable en France basé à l’AgroParisTech, là-même où enseignait René Dumont, un groupe de personnes se sont retrouvées pour marquer le quarantième anniversaire de la première candidature écologiste au monde.

L’esprit de cette rencontre n’était pas celui d’une mémoire figée à un évènement avec fleurs et couronnes. Il s’agissait de mettre en perspective le choix de cette candidature, de l’homme qui l’a incarnée, de l’importance de son œuvre, des questions posées alors et des réponses reçues depuis. Nous étions au cœur d’une mémoire vivante dans l’esprit retro-futuro.

Gilles Trystram, directeur général d’AgoParisTech, a introduit cette rencontre en rappelant l’importance et le poids d’un René Dumont pour ce qui s’appelait alors « l’Agro ». Marc Dufumier, son ancien élève a dressé le profil d’un homme rigoureux, disponible, ponctuel et toujours en éveil. Pour sa part, Laurent Gervereau a brossé le travail du Musée du Vivant qui rassemble tout ce qui concerne l’écologie politique, environnementaliste et sociaux. Il s’agit de préserver pour les générations futures la mémoire de ces partis, de ces mouvements et des personnalités qui les ont animés. Il s’agit de fédérer les organismes qui collectent et valorisent les archives personnelles, et de promouvoir largement ces sources et soutenir les recherches interdisciplinaires. Laurent rappelle que le Musée du Vivant s’inscrit dans un réseau international de recherche sur l’écologie.

S’en est suivi une projection de documents dont l’un des plus drôles, pour ne pas dire hilarant, est celui d’une interview de René par Jean Carlier, journaliste, sur le thème « comment expliquer l’inexplicable en politique » à une population qui n’est pas prête à accepter de changer… Le monteur du film avait sciemment éliminé les réponses de Dumont, seul son visage s’animait ou restait figé selon, alors que Carlier ne cessait de parler sur tous les sujets qui nous intéressaient alors et qui restent toujours d’actualité. J’espère que nous aurons l’occasion de pouvoir diffuser largement ce document qui franchement déride.

Brice Lalonde, qui avec Jean Carlier alors directeur de l’information à RTL furent des acteurs déterminants auprès de René Dumont, a expliqué à l’assistance pourquoi René était le meilleur candidat pour cette campagne électorale 1974 (j’en reparlerai dans un prochain article sur ce blog). Il a rappelé le rôle de Roger Fischer et de Georges Krassovsky, figures emblématiques de l’époque. Juste un rappel d’un autre concurrent au moment du choix, à savoir Charles Lorient de l’économie distributive de Duboin.

On n’arrête pas le progrès, si bien que durant l’intervention de Brice Lalonde un des ordinateurs de projection branché sur un autre amphithéâtre s’est mis en route sur le thème de la rumeur. Il a fallu dix bonnes minutes pour la stopper.

Jean-Paul Besset, biographe de René Dumont, est revenu sur son parcours d’agronome productiviste de l’après guerre (dommage qu’il n’ait pas parlé de l’avant guerre), puis sur le basculement progressif et la prise de conscience de René qui l’amena en 1973 à publier « L’utopie ou la mort ». C’est donc un jeune homme de 70 ans, qui allait prendre sa retraite de l’Agro, qui devint le candidat que nous connaissons.

La dernière à intervenir, Dominique Voynet, qui, provocatrice comme dab, nous déclara qu’elle n’était pas là pour témoigner de cette campagne, elle était encore au collège. Par contre, elle a rappelé son parcours avec René Dumont dans les années 90. Un homme fatigué mais toujours disponible et particulièrement durant la campagne présidentielle de 1995. Elle a rappelé l’absence cruelle des intellectuels plus prompts à commenter des résultats qu’à soutenir la cause écologiste. Elle a insisté, et je suis d’accord avec elle, sur le rôle de Charlotte Paquet, la seconde femme de René, qui a beaucoup influencé, et travaillé sur l’œuvre de Dumont dans ses dernières années.

Aux côtés de Brice Lalonde qu’elle n’avait pas revu depuis une vingtaine d’années, elle nous a bien amusés en rappelant un bon mot de Brice à son égard : « Je te souhaite d’attraper un cancer de la langue » lui avait-il lancé lors d’une dernière rencontre. Brice, pour toute défense, a répondu : « tu disais trop de bêtises », le tout dans la bonne humeur qui s’est poursuivie autour d’un pot où anciens et nouveaux ont échangé sur la suite à donner à cette question toujours en suspend chez les écologistes, comment être acteurs du changement ? Le pouvoir ou non ?

Et comment expliquer et faire adhérer au changement à l’inexplicable en politique ?

Pour ma part, un regret : l’absence de Claude-Marie Vadrot, alors journaliste à l’Aurore, qui fut hyperactif lors de cette campagne de 1974.

Domique Voynet et Brice Lalonde le 8 avril 2014 à l'AgroParisTech

Domique Voynet et Brice Lalonde le 8 avril 2014 à l'AgroParisTech

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